back to childhood ft. Elijah

Le reste de ma journée s’était écoulé excessivement lentement. Je ne pouvais m'empêcher de jeter des coups d’œil réguliers à l’horloge accrochée au mur. Encore une heure, songeai-je en soupirant. L’heure la plus longue de l’humanité tout entière et j’exagérais à peine. J’espérais ne pas regretter ma décision alors qu’une foule de questions accaparaient mon esprit. Et s’il ne voulait que s’envoyer en l’air ? Et s’il était finalement ennuyeux à mourir ? Et si la chimie n’était pas présente entre nous ? Et si la soirée était un désastre ? Et si, lors d’un baiser, il m’envahissait avec sa langue ? Woooow, du calme, Theo. Nous n’avions pas passé un seul moment ensemble à l’extérieur du cadre de mon travail que je le visualisais déjà, la langue au fond de ma gorge ? Je confondis deux commandes, ce qui n’arrivait jamais. Je m’excusai auprès des clients et j’offris de payer les consommations. Heureusement que ça ne se produisait pas tous les jours car mon compte en banque serait certainement en souffrance. Je devais me ressaisir. Maintenant. Après tout, Elijah n’est qu’un garçon parmi tant d’autres. Alors pourquoi s’acharner à le mettre ainsi sur un piédestal ? Il devait descendre de son trône imaginaire immédiatement. Je me l’ordonnai !

Lorsque mon quart de travail arriva à sa fin, je me précipitai vers la salle de bain. J’observai mon reflet dans le miroir, réajustai mon chignon puis j’hésitai à appliquer du rouge à lèvres avant de pouffer de rire. Mais ça va pas, la tête ? Privilégiant la beauté au naturel, je ne me maquillais que lors des grandes occasions. Et il n’était pas question que ça change pour un garçon. Je me plaisais ainsi, la peau nue, un peu de mascara sur les cils et c’est tout. Voilà. Elijah devrait m’apprécier également comme je suis ou alors tant pis pour lui. De toute façon, il ne m’avait jamais vu autrement. Aucune mauvaise surprise donc. J'enlevai mon tablier, révélant un jean et un débardeur blanc, puis je quittai finalement le café, me positionnant à quelques mètres de la porte, un peu fébrile mais également excitée. 16h58 : l’heure affichée sur ma montre.

@Elijah Pearson

Ce fut sincèrement les plus longues heures de ma vie. Sans blague. Et pour faire exprès, ce fut également l'après midi le plus tranquille de la semaine, peut-être même du mois. On a eu le temps de jouer aux cartes, de se raconter des blagues, de se prendre la tête une ou deux fois, ce fut l'enfer. Quand je dis on, je parle de mon coéquipier, Jim. Un type sympa, mais que je ne verrais pas en dehors du travail. C'est un collègue et c'est tout. C'est bien de séparer le travail et sa vie privé, non? Je comptais les heures avant cette fameuse soirée avec Theo. Dès qu'il l'a su, Jim a passé tout l'après-midi à rigoler, se moquer de moi. J'crois qu'il est juste jaloux, parce que je tiens réellement à une fille et il ne sait pas ce que c'est. M'enfin, ce ne sont pas de ses affaires, pas du tout. Il étaient 16h55 quand je déposai enfin Jim chez lui, avec ma vieille voiture (on peut pas garder l'ambulance avec nous, dommage). Heureusement, il habitait près du café, mais j'arrivai quand même avec 4 minutes de retard. J'avais eu le temps de prendre une douche, de mettre un short beige et un t-shirt bien simple. Je sortis de la voiture, couru jusqu'à la porte. « Mille excuses, demoiselle. J'ai fait de mon mieux, je vais me reprendre, c'est promis. » Oui, cela part mal la soirée, mais j'ai confiance. Je lui souris, en lui faisant signe de me suivre à la voiture. « Pardon pour l'odeur, mon collègue a refusé de prendre une douche. » C'était une tentative de blague, et en partie vrai. Je jetai un coup d'oeil vers elle pour voir sa réaction.

@Theo Lawrence