Guilty or not Guilty, that is the question. ft Isak

Tes doigts frappent nerveusement le bois du banc sur lequel tu es assis depuis maintenant plusieurs heures. Tes dents se serrent, tu commences à en avoir plus que marre de cette mauvaise blague. Ils t'accusent d'un crime passionnel ? Mais Isak, ont-ils vraiment toute leur tête ?
Ô oui, tu es bien en droit de te poser cette question car pourquoi serais-tu aller tuer une femme plutôt qu'un homme, toi qui es hétérosexuel. Tu n'y comprends rien, ou en tout cas, ta logique n'est pas la leur. Puis quelle idée, tuer une femme pour une autre, inutile de trancher si violemment alors qu'une petite soirée à plusieurs ne t'aurais dérangé pour rien au monde. Tu as essayé pourtant, tu as donné tout ce que tu avais pour leur faire comprendre que leur manière de résoudre cette enquête ne montrait qu'une chose : prouver qu'ils étaient de véritables billes... Ils n'ont pas aimé la référence, et t'écrouèrent un peu plus longtemps que prévu sous prétexte d'un soi-disant outrage à agent. Petite nature qu'ils sont...

Mais c'est bon, le jeu à suffisamment duré à présent, et de loin tu entends ton bippeur s'exclamer encore une fois.

— Eh oh ! Je suis d'astreinte, on ne me demande pas pour aller faire une partie de tarot, un accouchement doit mal se passer. Je suis certain que les futurs parents vous en serez reconnaissant si vous me laissez enfin sortir !!

Un agent te regarde du coin de l'oeil, haussant un sourcil et arborant une expression assurant tout le dédain qu'il pourrait avoir. Tout ça sous prétexte que tu es gynécologue... Même pas il ne prend la peine de te répondre. Tu sais que l'hôpital fera appel à un confrère, mais punaise c'est ta patiente, pas celle d'un autre. Que des abrutis ces policiers... Tu soupires d'agacement et le sens commencer à prendre de l'ampleur jusqu'à ce qu'un homme se tienne face à toi.

— Bien sur que je suis innocent quelle idée ! Et de mon côté j'ai certainement un bébé au bord d'un col de l'utérus qui ne veut pas atteindre ses dix centimètres d'ouverture et j'ai moins de deux heures pour agir. Mon cas est plus urgent que le vôtre, et en plus vous pourrez fouiller mon bureau et mon ordinateur pendant le temps de l'intervention. D'une pierre deux coups, vous êtes d'accord ?

Tu l'espères dans le fond, parce que s'il refuse eh bien comment dire poliment que tu l'auras bien prof... Bref, voilà.

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Il ne trouverait rien sur ton ordinateur, à quoi bon se priver de le laisser fouiller. Certes pour être dans les règles il aurait fallût attendre qu'un juge donne son accord pour un mandat mais inutile de laisser traîner les choses, tes pensées étaient complètement ailleurs.

Tu suis l'homme et lui emboîtes alors le pas sans faire plus de réflexion, marchant peu derrière lui jusqu'à la voiture. Accrochant ta ceinture automatiquement tu glisses un œil suspect au lieutenant pour les paroles qu'il a. Qu'il conduise cela te semble être d'une logique implacable mais qu'il te signale la suite ainsi... Tu tournes la tête en direction de la route et sens ton corps s'enfoncer brutalement dans le siège de l'Impala. Isak, tu lui aurais bien fait la remarque sur le fait que tu approuves totalement son choix de véhicule... Cependant tu décidas de t'abstenir.

— Pourquoi me croire innocent lieutenant ?

Pour ta belle gueule d'homme du nord à l'accent bon à trancher au couteau ? Non certainement pas et ça tu le sais Norvégien. Il y a une autre explication à tout ça et toi qui n'es pas du métier, même si tu te sais innocent, tu ne vois pas ou peut être l'erreur de recherche de ses collègues.

— Inutile de dire que pour moi il est plus que clair qu'il s'agit d'une faute professionnelle, mais pour vous ? J'ai du mal à comprendre.

Et tu veux savoir, rester dans l'ignorance n'a jamais été quelque chose que tu as pu approuver. Tu aimes t'enrichir et cela en fait partie. Les méthodes de la police te sont complètement inconnues alors autant s'enrichir n'est-ce pas. Regard se reportant sur l'asphalte après avoir observé le conducteur du cabriolet, le silence te regagne, préoccupation majeure se portant sur l'intervention qui t'attend. C'est trop long, tu aimerais déjà y être et ta jambe se met à trembler de nervosité...

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Tu l'écoutes sans l'interrompre. Qu'est-ce que sont ''des erreurs aussi minimes'' Isak ? Tu n'en sais fichtrement rien mais cette fois-ci tu ne lui demanderas pas plus d'explication. Non pas que l'affaire ne t'intrigue pas, seulement tu n'aimerais pas paraître plus curieux que tu ne pourrais l'être.

— Me rendre coupable ne peut être qu'une faute professionnelle, c'est aussi clair que de l'eau de roche. Comment supportez-vous de travailler avec des agents qui recherchent la facilité plutôt que la vérité ? Je ne saurais jamais évoluer parmi tant de médiocrité.

Tes dents grincent sur ton dernier mot et ta tête se secoue pendant que ton visage grimace. Tu comprends mieux pourquoi le monde tourne mal. Impossible qu'il puisse se guérir de son mal lorsque l'incompétence de certain est autant visible que le nez au milieu de la figure.
Soupirant silencieusement tu restes concentré sur la route avant de regarder l'homme qui se remet à parler. Attentif à toi, attentif à sa conduite, tu commences à bien apprécier cette personne quand bien même cela fait trop peu de temps que vous vous connaissez. Demi-sourire au coin de la lèvre, tu te contentes d'acquiescer d'un mouvement du crâne, pressé d'être enfin sur les lieux.

Et sortant du véhicule, c'est avant même qu'il ne prononce un mot que tu lanças les clefs de ta salle dans sa direction.

— I majuscule, s et a en minuscule, le signe plus suivi de zéro, six, un et neuf. Le service gynécologie et pédiatrie est au rez-de-chaussé. Lorsque vous rentrez par l'accueil : premier couloir à droite, entrée numéro une. Vous traversez le secrétariat et sur votre droite encore une fois ça sera la deuxième porte sur la gauche, mon nom de famille y est placardé sur le mur. Inutile de vous rappeler lequel est-il n'est-ce pas ?

Tu commences à prendre ton chemin en courant avant de te retourner vers le lieutenant, lui parlant un peu plus fort afin d'en couvrir la distance avec ta voix.

— Les urgences obstétriques et pédiatriques sont au premier, suivez les empreintes de pas d'enfant si vous avez besoin de me retrouver à un moment donné. Attendez-moi à l'accueil des urgences, je vous y retrouverai.

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Ton arrivée ne se faisait plus attendre et ton équipe te regarde avec un air laissant comprendre chacune des questions qui trottaient dans leur crâne. Tu ôtes ta veste de tes épaules, une infirmière la récupérant au passage, raccrochant au nez de ton confrère qu'elle avait voulu joindre pour te remplacer et de ta main gauche attrapes la blouse qu'un sage-femme te tend. Charlotte sur le crane, masque autour de la bouche et couvrant ton nez, tu entres dans la salle d'accouchement en saluant la demoiselle et lui demandant de t'excuser pour ce retard. Politesse plus qu'autre chose.
Elle était sous péridurale depuis un petit moment maintenant et si les contractions redoublées d'effort sans qu'elle ne les ressente, son bébé, lui, commençait à en souffrir grandement. Son rythme cardiaque baissé au fil du temps...

L'incision n'est pas ce qui est de plus compliqué c'est le reste qui deviendra plus dur. Bébé sortie et remis délicatement aux creux des mains de mon sage-femme, Benoît présente à ces parents ce si petit être qui vibre dors et déjà du titre si honorifique de petite princesse au sein de leur cœur. Tu ne peux t'attarder sur ce si belle événement lorsque tu vois la quantité de sang que cette toute jeune mère est en train de perdre. Tu te presses, oubliant totalement le policier qui mène son enquête à ton égard. Si tu ne stoppes pas rapidement cette hémorragie qui débute, le bonheur de cette fraîche famille n'aura que trop peu duré. Le compagnon t’interpelle, elle a mal. Tu observes le champ opératoire pendant une fraction de seconde avant de tourner la tête vers l'infirmière et l'anesthésiste qui t'assistent alors que l'homme comte une nouvelle fois la litanie de sa femme.

— Accompagnes le mari avec son enfant. Ordonnas-tu à la première. Non pas que tu voulais éloigner le père de la table d'opération, mais tu sentais son stress commencer à envahir la pièce et cela n'était bénéfique en rien. Plonges là dans une générale.

Le personnel s’exécute avec hâte. Isoler le géniteur et taire le mal de sa compagne. La salle retrouve son calme et tu termines l'opération non sans angoisse. Cette fois-ci, tu eus peur. Peur que la mère ne puisse revoir le si doux visage de leur fille.
La femme encore endormie est emmenée dans la salle de réveil. Tu iras l'y retrouver pour prendre de ses nouvelles lorsqu'elle aura ouvert les yeux et seulement à ce moment là ta sérénité te regagnera. Masque et gant jeté à la corbeille, tu enlèves ta blouse, récupère tes affaires et quitte le service pour aller retrouver l'inspecteur. Récupérant un verre d'eau que l'on te tend et pour lequel tu y réponds par un remerciement et t'avances en direction de l'homme.

— Alors, vous avez trouvé quelque chose d'intéressant à mon sujet ?

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