(LIBRE) Brake on

Alors que tu rentrais au commissariat, tu venais de rouler dans une flaque qui avait eu le bonheur de mouiller la personne qui était en train de marcher sur le trottoir. La vérité, c'était que tu avais envie de continuer ton chemin comme si tu n'avais rien vu, mais tu étais conscient que c'était un comportement digne d'un beau salopard et en plus de cela, tu avais ta voiture de service. Et soyons sincère, tu n'avais pas besoin d'un énième rapport sur ton comportement. Depuis quelques mois, tu les collectionnais, on te qualifiait d'homme trop agressif, trop arrogant, colérique et le plus triste c'était que tout cela était juste. Tu avais vu ton monde s'écrouler en quelques heures. L'accident, le coma, l'amnésie, tu ignores laquelle de ses étapes étaient la plus difficile, parce que si sur le moment, chacune t'avait paru interminable, aujourd'hui, tu réalisais que toute ta vie avait changé en un mois. Et tu te retrouvais prisonnier de tes propres souvenir, regardant impuissant ta vie se détruire un peu plus chaque jour. Au fond, ne pas s'arrêter était ce que tu avais à faire de mieux et pourtant, voilà que les feux rouges de ta voiture s'était allumé et que tu commençais à reculer prudemment. « Bonsoir, je suis désolé, je n'avais pas vu la flaque, tout vas bien ? »

Une partie de toi se demandait pourquoi tu avais choisi de t'arrêter ? La raison évidente était que tu ne voulais d'un rapport supplémentaire sur ton bureau, ni même si ton dossier qui commençait à déborder. Tes colères étant de plus en plus fréquentes, tu avais de la chance que le capitaine soit compréhensif, tu en avais conscience et pourtant, sentir ta vie t'échapper te faisait perdre le contrôle. Mais la réalité, c'était que tu ne savais pas gérer tes émotions alors tu ignorais comment tu pouvais agir face à quelqu'un qui verrait une flaque comme un drame alors que dans ton regard, ce n'est que de l'eau. Alors tu avais pris une longue inspiration avant de t'approcher vers la demoiselle. Son regard était d'abord énervée mais en l'écoutant, tu ressentais plus de l'énervement que de la colère. « En effet, c'est une chance .. Est-ce que je peux vous déposez quelques parts ? Je m'en voudrais de vous laisser tomber malade par ma faute. » Évidemment, tu lui offrais un sourire de politesse, non pas que tu n'étais pas quelqu'un de souriant mais disons simplement que ton sourire est en vacances depuis quelques mois, que tu ne sais plus sourire vraiment. Quand elle avait évoqué ton nom, on pouvait lire l'effet de surprise sur ton visage. Tu essayais de savoir où tu l'avais vu mais dans ton travail, croiser des visages étaient presque quotidien. Et ton esprit souvent ailleurs. « C'est ça .. » Tu cherchais quelques instants mais heureusement pour elle, tu l'avais croisés régulièrement et surtout bien avant toute cette histoire qui te hantait. « L'avocate ! Vous êtes avocate, c'est ça ? »