you still wonder if we made a big mistake. baby and the wolf.

Sombres et silencieuses étaient les rues de Portland en ce mercredi soir frais de juin. Quelques jours s'étaient déroulés depuis que Bellamy était de retour dans la ville qui a bercé toute sa jeunesse, et elle n'avait pas encore eu de grosses rencontres qui auraient justifié un explicatif détaillé de son retour. Quoi de neuf pour moi, Helen? Oh, mon mari couchait avec notre comptable et j'ai perdu la moitié de mon existence dans le divorce, merci de demander. La bullshit habituelle qu'elle préférait éviter pour au moins les prochaines semaines.

Bellamy referma sa veste de laine un peu plus serré autour d'elle, se maudissant de n'avoir mis qu'un t-shirt et des jeans pour aller prendre une marche. Étant prise d'une rage d'insomnie, fréquentes depuis le divorce, la petite femme s'était dit qu'une petite marche dans la ville l'aiderait, mais visiblement, elle avait oublié le froid nocturne d'une ville portière.

Elle accéléra sa marche un peu, prise dans ses pensées. Au loin, elle commença a entendre des gros cris étouffés, comme s'il y avait une foule qui criait dans un des bâtisses devant elle. Curieuse, elle suivit le son, qui l'emmena vers un immeuble, fermé par une grosse porte coulissante en métal. Sans vraiment y réfléchir, elle y entra, intriguée.

Un gros ring de boxe fait de grillage de poulailler, et deux hommes qui se tenaient au centre. Une foule d'homme et de femmes de toutes sortes autour, criant pendant que les hommes s'enfilaient les coups de poings. Elle croisa les bras, s'approchant du ring, guide par l'odeur de la terre et du sang qui lui était si familier malgré le fait que ces souvenirs soient si lointains. Et c'est là qu'elle le vit. Celui qu'on appellais The Wolf, dans toute sa splendeur. Elle l'aurait reconnu à des miles à la ronde. Sa posture, sa mâchoire, son sourire arrogant au combat. The Wolf.

Elle s'adossa sur une de colones de métal, un petit sourire en coin, les bras toujours croisés, savourant la suite du combat.

La salle était bondée de gens. À chaque mercredi soir, Portland se rebellait dans une vieille bâtisse accessible seulement par une ruelle douteuse au fond d'une rue populaire de la ville. Les paris commençaient à se faire. Qui allait-il gagner cette fois? En fait, le choix n'était pas très dur. La plupart des votes se tournaient tous ou presque vers le propriétaire de la belle. Un certain Wolfgang "The Wolf" Müller. L'allemand au regard de braise et à l'allure mystérieuse.

Dans le ring, Wolf pouvait sentir la chaleur et l'enthousiasme de la foule en délire. Se nourrissant des cris, son égo prenait plaisir. Souriant en coin aux gens les plus proches, il fini par clouer son regard dans celui de son adversaire qui, pour être franche, commençait à avoir peur. La cloche de départ retenti enfin et en quelques secondes à peine, le pauvre Benji se retrouva étend au sol, semi inconscient. Le coup porté à son visage par The Wolf eu raison de lui. Levant ses deux bras en guise de victoire, la foule se remit à crier de joie, le rendant heureux et extrêmement fier de son cou.

Après deux heures dans le ring à accumuler les adversaires et les quelques coups, celui-ci avait mérité sa pause. Sortant du ring, il prit une serviette avec laquelle il s'essuya le visage avant de la laisser tomber au sol. C'est en relevant son regard qu'il l'a remarqua au loin. Ce joli petit nez retroussé, jamais il ne l'oublierait. Un sourire coquin se dessina au coin de ses lèvres quand il reprit son pas mais cette fois-ci, en direction de la jeune femme.

"Eh bien eh bien, qui vois-je là?... de retour aux sources, à ce que je vois ..." Dit-il, d'un air amusé en prenant une bière qu'un de ses barmans lui tendait. Sans détourner son regard, il l'ouvra et en but quelques gorgées avant de sourire à nouveau et ajouter "Rebienvue à Portland, BB..."

Bellamy suivit Wolfgang du regard jusqu'à ce qu'il sorte du ring. Il était toujours aussi beau depuis qu'elle l'avait vu pour la dernière fois, il y avait de cela un peu plus de vingt ans. Non, Bellamy. Il est électrisant. Les gens le félicitaient alors qu'il passait au travers de la foule. Quelques un d'entre eux avaient l'air en furie - ils n'avaient surement pas entendu dire qu'on ne pariais jamais contre Le Loup de Portland.

Leurs yeux ont fini par se trouver. Tout de suite, il s'était mis à s'approcher d'elle. Bellamy se redressa, les bras toujours croisés, l'attendant avec un petit sourire en coin. « ... de retour aux sources, à ce que je vois. » Elle le regarda prendre quelques gorgées de la bière qu'on venait de lui tendre, les yeux de Wolfgang ne quittant jamais les siens. « ... re-bienvenue à Portland, BB. » Elle roula des yeux, à mi chemin entre l'irritation et l'amusement. Ça faisait déjà un bon moment qu'elle n'avait pas entendu ce surnom. Bellamy Baines. BB. Baby. Il avait toujours été le seul à qui elle avait permis l'utilisation de ce surnom.

Elle lui pris la bière d'entre les mains, en prenant une gorgée à son tour, un petite pointe d'arrogance et de jeu dans sa posture. « Belle victoire. » Elle regarda autour d'elle, comme si elle essayait d'assimiler ce qui l'entourais avant de reposer ses yeux dans ceux de Wolfgang. « ... à ce que je vois, plus ça change, plus c'est pareil. » lui dit-elle en haussant un sourcil. Il se battais déjà à vingt ans, pourquoi pas aussi le faire à quarante-cinq?

En la voyant rouler du regard, Wolfgang eu un faible rire avant de reprendre une gorgée de sa bière. Il l'a reconnaissait bien, elle et son petit air arrogant et semi-supérieur qu'il avait tant aimé à l'époque ...et qu'il aimait toujours autant aujourd'hui, d'ailleurs. À son compliment, il fit un simple hochement de tête en guise de remerciement. C'était une victoire certes, mais pour tout dire, il ne perdait jamais. C'était lui le plus fort, tout simplement.

Un sourire en coin de dessina à nouveau sur son visage et il dit "Je pourrais en dire autant de toi ...Malgré que ..." et son regard se mit à la reluquer lentement de haut en bas avant d'ajouter "Je vois moins de peau qu'avant ...C'est un look de passage ou c'est fait pour rester...?" Disons qu'à l'époque, son habillement était légèrement plus sexy qu'aujourd'hui. Mordillant sa lèvre inférieur, il dit rapidement "J'aime bien ...Tu fais toujours aussi sexy mais ...en plus sophistiquée ...C'est hot." puis lui tendit une bière qui passait sur un cabaret.

Buvant une gorgée sans jamais quitter son regard, il s'appuya au comptoir avant de demander "Alors, qu'est-ce qui te ramène à Portland aussi soudainement? La nostalgie? Quelqu'un est mort?" puis s'alluma une clope sans gêne. Après tout, il pouvait bien faire ce qu'il voulait. La place lui appartenait.

« ... c'est un look de passage ou c'est fait pour rester? » Sophistiqué est le mot qu'il avait utilisé. Fucking bastard. Le mot lui fit hérisser le poil sur la nuque. À l'époque, les parents de Bellamy auraient hurlé s'ils avaient vu ce qu'elle portait quand elle sortais sans son uniforme de l'école catholique, mais Wolf lui s'en était régalé. « ... tu devrais voir les robes de Stepford Wife que j'ai dans ma garde-robe. C'est à en mourir de rire. » Elle eut un petit rire absent. Jamais elle n'aurait pensé en être là aujourd'hui.

Adossé sur le bar, il s'adressa à nouveau à elle, sans la quitter des yeux. Elle se surpris à aimer ça. Elle prit une gorgée de la bière qu'il lui avait offert.  « Alors, qu'est-ce qui te ramène à Portland aussi soudainement? La nostalgie? Quelqu'un est mort? » Elle prit une autre gorgée, laissant couler la bière dans sa gorge avant de froncer les sourcils. Elle ne put supporter son regard plus longtemps. Elle se donna une petite lancée pour s'asseoir à côté d'ou il était accoté sur le bar, regardant au loin. « Un divorce brutal. » qu'elle lui répondit, résolue. Elle n'attendit pas de réponse avant de continuer. « Il a pris la compagnie, la maison en plus de se faire la comptable, mais j'ai eu la moitié de la valeur de la compagnie en compensation financière. » Elle haussa les épaules avant de prendre une autre gorgée. « Thank god for prenups. »

Il sursauta légèrement en voyant le petit bout de femme qu'elle était, bondir pour s'asseoir à ses côtés. Il voulait la faire sourire et rouler des yeux encore. Grand et fort comme il était, pourquoi aurait-il eu peur en la voyant faire, si ce n'était que pour se moquer et vouloir en retirer une petite réaction adorable de sa part? Acquiesçant après avoir entendu la nouvelle, il lui fit un chin avec sa bière avant d'en boire une gorgée et dire "Tu me dis si tu veux que je m'en occupe. Mes hommes et moi ne laisseront aucune trace du crime, promis juré." et lui fit un léger clin d'oeil pour appuyer ses dires.

En vrai, il s'était toujours promis intérieurement de supprimer quiconque lui ferait du mal, de près ou de loin. Personne ne pouvait la faire pleurer ou la rendre malheureuse. Personne, sauf lui. C'était son point et il y tenait fermement depuis maintenant près de vingt ans et ce, même après qu'elle ait déménagée de Portland. Avec ses nombreuses connexions, il avait réussi à recueillir quelques informations pertinentes à son sujet, à son insu. Il n'était donc pas surpris d'entendre pour le breakup. Il l'avait vu venir depuis des années.

Néanmoins, jouant le jeu du mec qu'il n'en savait rien, il dit "Donc tu es à nouveau célibataire ...Tu cherches?" en lui faisant un petit sourire provocateur et sarcastique avant de boire à nouveau une gorgée de sa bière froide. Ça n'avait jamais été vraiment clair entre eux depuis le début ...mais une chose avait toujours été certaine par contre. Une attirance mutuelle s'était créer au fil des années ...Une harmonie presque palpable.

Pour la première fois depuis son divorce, Bellamy eut un vrai éclat de rire, franc et fort. Évidemment que Wolgang allait offrir de casser la gueule de Peter. Son éclat de rire devint un doux sourire. Elle se pencha vers lui et le donna un petit coup d'épaule. « Essaie au moins d'attendre que l'argent du divorce soit dans mon compte en banque... » Elle lui fit un petit clin d'oeil. Peter était une merde de la plus haute classe, mais elle l'avait aimé. Longtemps. Mais plus maintenant. Et puis, Wolf avait toujours détesté Peter, dès la première rencontre. Peter était totalement l'opposé de Wolf, dans tous les sens.

Il y eut un petit silence confortable avant que Wolf continue, abordant son nouveau célibat. « ... tu cherches? » Elle eut un petit sourire suffisant en prenant une nouvelle gorgée de bière. « ... tu demande ça pour l'ami d'un ami, je présume? » lui répondit-elle en se retournant vers lui, soutenant son regard avec ses petits yeux moqueurs. Elle savait qu'il ne le demandais pas de façon sérieuse, mais en même temps elle l'espérait un peu.

De le revoir aujourd'hui, ça la rammenais à qui elle était avant. Avant Peter, avant la vie parfaite avec le jardin et les fleurs fraîches, avant House Acton-Baines, avant tout ça. Quand elle n'était que la fille de ses parents, à la façade angélique mais au caractère rebel, qui fricottais avec les mauvais garçons de la ville dans son uniforme d'écolière à boire de l'alcool et encourager les batailles illégales de ses amis. Mais ça, c'était avant.

Avant, il y avait aussi eux. Baby and the Big Bad Wolf. L'histoire classique et intemporelle du will they, won't they. Ils avaient toujours eu quelque chose de beau ensemble. La brebis aux apparences innocente et le grand méchant loup pour la protéger. Avec du recul, elle était capable de s'avouer qu'elle avait été amoureuse de lui - mais ça, elle l'emporterais probablement à sa tombe.

Elle pris une nouvelle gorgée de sa bière avant de balotter les jambes dans le vide un peu. « ... je cherche pas. » Évidemment qu'elle ne cherchais pas. C'était bien trop tôt après le divorce. Elle aurait eu l'air de qui si elle cherchait activement un nouveau mari?! « ... mais qui sais, le hasard fais bien les choses des fois. » Elle lui fit un petit sourire complice. C'était vrai ce qu'on disais. Life works in mysterious ways.

Wolf eu un vent de fraicheur droit au coeur en entendant ce beau petit rire éclatant qui lui avait tant manqué, secrètement. Son petit coup d'épaule ne le fit pas bouger le moindrement, mais pour se moquer d'elle, il porta sa main à l'endroit cogné en murmurant "Outch..." avant de rire un peu à son tour, amusé par la situation. Sans la quitter du regard, il but une autre gorgée de sa bière en hochant non et en ajoutant "Peut-être... Qui sait? Cet ami serait idéal pour toi. Grand, fort ...Charmant ...Au sourire ravageur..." avant de lui sourit à la Gaston dans la belle et la bête.

Un léger silence confortable plana au dessus de leurs têtes et Wolf eu un léger sourire à sa réponse. S'appuyant contre la rambarde, il la regarda à nouveau en disant "Ne me dit pas que tu crois encore au destin après toutes ces années...?" puis, laissant passer quelques secondes de silence, il rajouta "Je ne crois pas que c'était ton destin, te marier avec un homme comme lui... Si le destin avait réellement existé, il nous aurait mit ensemble dès le début..." puis sont regard devint un peu plus sombre. Sa gestuelle, un peu plus énervé. Wolf but quelques gorgées en contemplant ce silence un peu moins confortable qui s'était installé autour d'eux, à présent.

Elle ne put s'empêcher de sourire quand Wolfgang se mit à se décrire - c'était vrai qu'il était charmeur, et qu'il avait un sourire à faire craquer même la plus froide des femmes. Lorsqu'un petit silence s'installa entre eux, Bellamy se surprit à le regarder en souriant. « Ne me dit pas que tu crois encore au destin après toutes ces années? » Pas au destin, mais bien au hasard. Être au bon endroit au bon moment. Il continua sur son idée. « Si le destin avait réellement existé, il nous aurait mit ensemble dès le début.. » Il sembla devenir plus agité, mais Bellamy, elle resta calme.

Elle avait passé tous les scénarios dans sa tête à plusieurs reprises. Toutes les conversations qu'ils auraient pu avoir, toutes les chances manquées, parce qu'ils ont eu peur ou parce qu'ils n'étaient pas prêts. Elle soupira, posant doucement une main sur le bras de Wolfgang. « ... la vie nous a donné plusieurs chances, Wolf. » Elle serra un peu sa main sur lui, prenant une nouvelle gorgée de sa bière. Des chances, ça ils en avaient eus. À plusieurs reprises, l'un ou l'autres des deux aurait pu faire en sorte de changer leur relation. « C'est nous les fautifs, pas le destin. » Elle haussa les épaules nonchalament. Elle le frotta son pouce, réconfortante, toujours sur le bras de Wolfgang, puis rammena sa main vers elle. Elle regarda au loin, perdue dans ses pensées, dans ses souvenirs.

Profitant du silence entre eux, Wolf se mit à repenser à leur passé ensemble. Il avait toujours pensé qu'ils s'étaient rencontrés à la mauvaise époque, au mauvais moment. Même si l'attirance y était, la peur de s'engager était bien plus grande. Du moins, fut le cas pour Wolfgang. Trop de contraintes. Trop d'incertitude faisait qu'il se ne se sentait pas prêt à avoir une vie de couple stable, comme on dit. Néanmoins, il aurait tout donné pour Belle. Tout. Même sa vie.

La réponse de celle-ci lui fit pousser un faible rire sec, avant de boire une gorgée de sa bière en hochant de la tête. Pour être vrai, ce l'était. Par contre, lorsqu'il senti sa main serrer un peu la sienne, il se calma aussitôt et eu même un faible sourire aux coins des lèvres. Ce contact. Son touché. Sa présence. Tout lui avait tellement manqué au fil des ans...

Wolfgang tourna ensuite son regard vers elle à sa réponse et senti les doigts de Belle se détacher des siens. Le vide. Pinçant ses lèvres, il s'avança légèrement vers elle en disant d'une voix légèrement incertaine qu'on ne lui connaissait pas "On pourrait y remédier ...Non?"